Maria Schneider (actrice)

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Pour les articles homonymes, voir Maria Schneider et Schneider.

Maria Schneider
Maria Schneider dans Une femme comme Eva (1979).
Biographie
Naissance
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15e arrondissement de Paris (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
15e arrondissement de Paris (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Maria Hélène SchneiderVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Actrice, mannequinVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
-Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Fratrie
Xavier Gélin (frère consanguin)
Pascal Gélin (d) (frère consanguin)
Manuel Gélin (frère consanguin)
Fiona Gélin (sœur consanguine)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Vanessa Schneider (cousine germaine)
Michel Schneider (oncle maternel)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
Prononciation
Œuvres principales
Le Dernier Tango à Paris (), Profession : reporter ()Voir et modifier les données sur Wikidata

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Maria Schneider, née le à Paris et morte le dans la même ville, est une actrice française. Elle est surtout connue pour son rôle de Jeanne, aux côtés de Marlon Brando, dans Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci (1972).

Biographie

Jeunesse et débuts de carrière

Maria Hélène Schneider est l'enfant naturelle de Marie-Christine Schneider, mannequin aux origines roumaines devenue libraire à Paris[1], et de l'acteur Daniel Gélin[2] qui, parce qu'il est marié à Danièle Delorme et que les lois de l'époque ne le permettent pas, ne peut légalement reconnaître son enfant adultérin. Ce dernier rend pourtant visite à l'enfant, puis cesse de la voir dès qu'il rompt avec sa mère. Maria Schneider ne fait la connaissance de son père biologique qu'à l'âge de seize ans, en allant sonner à sa porte[3]. Elle entretient avec lui des relations irrégulières, allant jusqu'à dire qu'elle ne l'a rencontré que trois fois[4]. Sa cousine Vanessa Schneider raconte pourtant, dans le livre biographique qu'elle lui consacre en 2018, qu'elle a fréquenté régulièrement son père biologique à la fin de son adolescence, sans pour autant pénétrer le cercle familial. C'est lui qui lui fait découvrir le milieu du cinéma, en l'emmenant sur des plateaux de tournage. Leur relation est peu suivie mais Maria Schneider finit par nouer des liens avec ses demi-frères et demi-sœur (notamment l'actrice Fiona Gélin[5]) qui découvrent son existence à la sortie du Dernier Tango à Paris.

Enfant, Maria Schneider est délaissée par sa mère, qui mène une vie de bohème et qui la confie pendant deux ans à une nourrice. Elle revient vivre à dix ans chez sa mère, dont elle quitte le domicile à quinze ans. Elle habite quelques années chez son oncle maternel, le psychanalyste français Michel Schneider[6]. Ayant arrêté sa scolarité à la même époque, elle commence à jouer au théâtre, vit d'illustrations pour des menus de restaurant, est mannequin junior pour des jeans. Sa vie change lorsque Brigitte Bardot la prend sous son aile en 1969, lors du tournage du film Les Femmes de Jean Aurel où elle est figurante[7]. Elle décroche son premier rôle à l'écran dans L'Arbre de Noël de Terence Young, suivi immédiatement d'une apparition dans MadlyAlain Delon l'impose[8].

Succès et scandale du Dernier Tango à Paris

Maria Schneider est approchée par Bernardo Bertolucci qui lui propose le rôle de Jeanne dans Le Dernier Tango à Paris[9]. L'actrice a 19 ans.

Le tournage se déroule pour l'essentiel dans un appartement situé près du pont de Bir-Hakeim, à Paris. L'histoire raconte une passion charnelle entre un quadragénaire suicidaire (interprété par Marlon Brando), qui vient de perdre son épouse, et une jeune fille à l'allure adolescente[8].

Certaines scènes sont jugées hautement brutales, notamment une scène simulée de sodomie : dans le salon vide de l'appartement, le quadragénaire maintient de force la jeune femme au sol et utilise une motte de beurre comme lubrifiant[10]. La scène aurait été le résultat d'un accord entre Brando et Bertolucci, sans que l'actrice ait été prévenue. Le cinéaste reconnaît ultérieurement qu'il s'agit d'une forme de viol[7], ce que dit également l'actrice, et qu'il souhaitait filmer la rage véritable de la jeune femme, raison pour laquelle il ne la prévient que quelques secondes avant la prise[11],[12],[13]. Maria Schneider déclare six ans plus tard : « On pense de moi ce qu'on veut, que je suis une paumée, une droguée, une camée mal peignée, que j'ai mauvais caractère. Je m'en fous… Mais les spectateurs n'ont pas besoin de savoir que la petite Maria, après le tournage de la fameuse “scène du beurre”, a été se cacher au fond de sa loge, et a pleuré toute la nuit comme une enfant. »[2]. Lors d'un entretien en , elle explique : « [Brando] a réalisé une partie de la mise en scène, dictant à un Bertolucci soumis ce qu'il devait faire[7]. »

Plus de quarante ans après le tournage, en plein mouvement #metoo, est exhumée une vidéo de Bertolucci en 2013 expliquant à la télévision néerlandaise que l'idée d'utiliser du beurre comme lubrifiant lui est venue le matin même du tournage en beurrant des tartines[11].

Pour un article plus général, voir Violences sexuelles et sexistes dans le cinéma français.

Années 1970

Au cours des années 1970, Maria Schneider travaille avec d'autres partenaires comme Gérard Depardieu dans Violanta de Daniel Schmid, ou Jack Nicholson dans Profession : reporter de Michelangelo Antonioni. Ce dernier film s'impose comme le point d'orgue d'une thématique de l'errance qui ne cesse d'irriguer le cinéma, à commencer par celui d'Antonioni. Maria Schneider y campe un de ses plus beaux rôles et incarne, face au reporter pirandellien[14] que joue Nicholson, une jeunesse hors-limite et vivante.

En 1974, elle fait son coming out en révélant qu'elle est bisexuelle[15],[16].

Engagée pour tenir un des deux rôles principaux de Cet obscur objet du désir[17] de Luis Buñuel, qui l'a choisie en voyant une photo du Dernier Tango à Paris, elle est renvoyée au bout de quelques jours de tournage, le réalisateur la trouvant peu convaincante. Elle-même attribue, par la suite, son renvoi au producteur Serge Silberman, qui ne souhaitait pas travailler avec elle. Cet épisode grève sa carrière, les assurances hésitant à la prendre en charge[18],[19].

En 1978, en plein tournage du film Caligula produit par Bob Guccione, elle est exclue du plateau pour avoir refusé de faire des scènes de nu.

Elle s'éloigne alors momentanément du monde du cinéma en raison de problèmes personnels[2] (dont une dépression) et rejoint une amie américaine de 28 ans dans un asile psychiatrique. Elle part se reposer en Suède[2].

Dans un entretien en 2007, elle revient sur sa consommation de drogues à cette époque, sur ses overdoses et sur la personne qui lui a permis de décrocher : « Je ne dis pas si c'est un homme ou une femme. C'est mon jardin secret[20]. »

Années 1980

En 1980, son interprétation d'une prostituée dans La Dérobade de Daniel Duval[8] lui vaut d’être nommée pour le César du meilleur second rôle féminin.

En 1981, Jacques Rivette lui propose pour son film Merry-Go-Round de choisir elle-même les acteurs avec qui elle va travailler, dont l'icône warholienne Joe Dallesandro[7].

Durant les années 1980, les rôles au cinéma se font moins nombreux : elle privilégie donc la télévision. Seules des personnalités iconoclastes lui font confiance, comme Mehdi Charef dans Au pays des Juliets en 1992, dans un rôle de taularde en permission. Elle fait des apparitions encore plus brèves dans Les Nuits fauves de Cyril Collard et dans Jane Eyre de Franco Zeffirelli[8]. Elle tient son dernier rôle à l'écran dans Cliente de Josiane Balasko, où elle apparaît sous les traits d'une… cliente.

Fin de vie

Atteinte par un cancer, elle meurt le à l’âge de 58 ans à la maison médicale Jeanne-Garnier (Paris 15e)[21].

Brigitte Bardot lui rend hommage dans un texte lu par Alain Delon, lors d'une cérémonie à l'église Saint-Roch de Paris. Incinérée au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, ses cendres sont dispersées devant le rocher de la Vierge à Biarritz.

Postérité

Pour la rentrée littéraire de 2018, sa cousine Vanessa Schneider, grand reporter et journaliste au Monde, lui rend hommage dans le livre Tu t'appelais Maria Schneider, dans lequel elle revient notamment sur l'histoire de sa famille, sur sa carrière, sur le scandale du Dernier tango à Paris, sur ses problèmes de drogue et sur la fin de sa vie[22]. Le film Maria (2024) de Jessica Palud s'inspire de l'ouvrage.

Le court métrage Maria Schneider, 1983 d'Élisabeth Subrin — présenté à la Quinzaine des réalisateurs du 2022, et récipiendaire du César du meilleur court documentaire à la 2023 — reconstitue l'interview que l'actrice accorda en 1983 à l'émission de télévision Cinéma, Cinémas. Maria Schneider est interprétée par les actrices Manal Issa, Aïssa Maïga et Isabel Sandoval[23].

Filmographie

Cinéma

Télévision

Distinctions

Nomination

Décoration

Notes et références

  1. (en) Kerry Segrave, Linda Martin, The continental actress, McFarland, , p. 178.
  2. a b c et d « Maria Schneider, l'enfant perdue du cinéma », Paris Match, (consulté le ).
  3. Disparitions, Le Monde, 5 février 2011.
  4. Elle déclare, en 1994 :

    « J'en ai marre qu'on me présente comme la fille de Daniel Gélin. Il ne m'a jamais reconnue. Je l'ai vu trois fois dans ma vie. Être une enfant naturelle, ça m'a troublée quand j'étais jeune. Aujourd'hui, il y a prescription. »

    Voir Ils ont dit..., L'Humanité, 30 mars 1994.
  5. Vanessa Schneider, Tu t'appelais Maria Schneider, Grasset, 2018, pages 29-31, 62 186-188, 191-192.
  6. Vanessa Schneider, op. cit., pp. 27-28.
  7. a b c et d « Maria Schneider se dérobe », Libération, 4 février 2011.
  8. a b c et d « Décès de l'actrice Maria Schneider », sur AlloCiné, .
  9. « Décès de l'actrice Maria Schneider », Le Figaro, 3 février 2011.
  10. Matthew Dessem, « Pourquoi parle-t-on d'une scène de sodomie dans Le Dernier tango à Paris 40 ans après ? », sur slate.fr, .
  11. a et b « Le "viol" du "Dernier tango à Paris" : les dessous d'une scène », sur France Culture, (consulté le ).
  12. Didier Péron, « Dernier tango à Paris : retour de la polémique autour de la scène de sodomie », sur Libération (consulté le ).
  13. « Polémique autour du "viol programmé" du Dernier Tango à Paris », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
  14. Aldo Tassone, Antonioni, éditions Gremese, Rome, 1985, trad. pour Flammarion par Caecilia Pieri, 1995.
  15. (en-US) Jacquelyn Greenfield et Vienna Vernose, « Maria Schneider's Secret Moments », sur CR Fashion Book, (consulté le ).
  16. (en) Wayne M. Bryant, Bisexual Characters in Film: From Ana's to Zee, Routledge, (ISBN 978-1-317-97130-6, lire en ligne).
  17. Le rôle de Conchita est partagé entre deux actrices.
  18. « Cet obscur objet du désir », Libération, 31 octobre 2000.
  19. « Maria Schneider - Belle et rebelle », site du festival international de films de femmes de Créteil.
  20. (en) « I felt raped by Brando », Daily Mail, 19 juillet 2007.
  21. « Maria Schneider - Retour sur sa mort », sur Amomama.fr (consulté le ).
  22. « Vanessa Schneider présente Tu t'appelais Maria Schneider (Grasset) », (consulté le ).
  23. « Répétitions, variations et sensations », sur Format Court, .
  24. « Maria Schneider : le sex-symbol n'est plus », sur Paris Match, .

Voir aussi

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  • Maria Schneider (actrice), sur Wikimedia Commons

Liens externes

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